« Les dalles grises » est une Grande Voie d’escalade classique dans le Verdon . 150m d’escalade dans un niveau 5c+ max, avec rappels et ambiance typique Verdon. Petit récit de son parcours le 8 mai dernier, sous un déluge passager mais réel !

On est le 08 mai au matin et j’arrive au Lou Cafetié à la Palud sous un ciel radieux. Deux semaines plus tôt Philippe m’avait appelé avec une demande spécifique. Il s’agissait de faire une escalade en grande voie dans le Verdon avec de l’ambiance et des rappels, dans un niveau 5c/6a max. Comme il avait déjà pensé à cette voie des dalles grises, à la Carelle, c’est pour celle-ci qu’on s’est décidés.

Départ au soleil 

Après un café partagé nous prenons donc la route pour rejoindre le sommet de la voie. Celle-ci attaque 100m à gauche du belvédère de la Carelle, par 4 rappels qui amènent au jardin des Écureuils.
Arrivés à la chaîne on réalise qu’il y a déjà deux cordées dans les rappels… Prenant notre mal en patience on les regarde descendre tranquillement. J’en profite pour faire le point sur les manips au relais en Grande Voie avec Philippe. Au moment de rappeler la corde la cordée du dessous oublie son noeud en bout de corde… Je leur défait donc afin qu’ils puissent la récupérer.

Le début de la grande voie 

escalade en grande voie dans les Gorges du Verdon
Philippe à l’arrivée de la L1

La première longueur de déroule parfaitement, Philippe en second avance facilement jusqu’au relais. A quelques mètres de celui-ci il pose le chausson sur une prise patinée et … ziiiip! Il se retrouve donc pendu dans la corde.

« C’est ma faute je te parlais ça t’a déconcentré » je lui dit en blaguant. Il ne se laisse pas décontenancer et avance très bien jusqu’au relais.

Je fais la longueur suivante en tête également. Arrivé au relais je discute avec un voisin, dans une voie juste à droite. Il est belge et bien sympa. Je lui montre les trois plantes devant nous qui ont fait leur percée à travers le calcaire. Thym, Immortelle et surtout la moins commode, la rue. Cette dernière, il ne faut pas la toucher car elle provoque des photodermatites (des brûlures si après l’avoir touchée on expose sa peau au soleil). Je les montre également à Philippe qui arrive au relais. Pour la longueur suivante il hésite à passer en tête. Je le le pousse à y aller. En effet c’est une longueur plus facile, c’est parfait pour commencer à prendre la main. 

escalade grande voie dans le verdon, première longueur des dalles grises
Vue grandiose sur le Verdon

Du débit dans la voie 

Philippe pars du relais et clippe le premier point , puis le deuxième. Devant moi une petite tache noire apparaît sur le calcaire, suivie d’une deuxième et bientôt de beaucoup d’autres: de grosses gouttes commencent à tomber. Ça reste relativement calme le temps que Philippe arrive au relais. Quand c’est à mon tour de partir ça commence à devenir plus sérieux: la falaise est déjà trempée et mon soft shell un peu vieux n’est plus deperlant du tout ! 

J’arrive le plus vite possible au relais et continue plus au dessus pour rejoindre un grand chêne qui pourra nous abriter un peu. Le temps que j’y arrive et que je fasse venir Philippe c’est désormais de la grêle qui nous martèle les épaules. L’abri sous le chêne se révèle fort léger au vu de la saucée qu’on se prend ! Le dièdre dans lequel on se trouve canalise la pluie et un ruisseau vertical se forme devant nous, trempant la corde et nos pieds. 

Grimper sous la pluie…

dalles grises sous la pluie
Sous la pluie mais avec le sourire

Lorsque je sens , 10 minutes plus tard que la pluie est toujours présente mais que la grêle est partie j’explique à Philippe que nous allons avancer malgré tout car la pluie pourrait bien continuer longtemps. J’attaque donc une traversée pour rejoindre la voie (dont on a légèrement dévié pour rejoindre notre arbre, abri de fortune). La falaise est intégralement trempée et la ligne de prise de la voie canalise aussi de l’eau.

Mes manches font gouttière et l’eau de pluie m’arrive jusqu’aux aisselles et plus bas, lorsque je tiens une prise. Mais les prises sont franches et finalement l’adhérence est relativement bonne. La pluie s’est un peu arrêtée, je suis au relais et assure Philippe. Il avance bien malgré le rocher trempé et j’en profite pour immortaliser ça en prenant une photo de lui et de la paroi noircie de par la pluie. « C’est plus les dalles grises c’est les dalles noires! » je me dis en rangeant le téléphone.

Une histoire de patinoire

On partage un petit biscuit au relais, je passe un tour de cou à Philippe pour essayer de le réchauffer car il a bien froid, puis je pars dans la longueur suivante, 5c+. Après une première partie sur bin rocher la seconde section de la voie passe par une ligne de prises complètement patinée. Une légère couche terreuse s’est parfois aussi déposée sur les prises. Autrement dit c’est la patinoire et je ne me sens pas vraiment l’âme artistique à ce moment. Je tire au point, remonte mes pieds avec précautions sur les prises patinées , atteint des réglettes rarement utilisés donc moins glissantes et vais placer le point d’après. C’était la première fois dans la voie que je me disais que je pouvais tomber. 

Enfin un rayon de soleil

Relais fait, Philippe me rejoins après que je lui ait filé un coup de main sur cette section très glissante. La pluie s’est désormais arrêtée. Il reste environs 20 mètres pour le sommet et je m’y rends rapidement, attiré par l’idée de pouvoir enlever quelques couches de vêtements intégralement imbibés d’eau. Une fois mon relais fait un petit rayon de soleil pointé même: tout en assurant Philippe j’enlève mes chaussons, ma veste et mon pull. 

Relais fait, Philippe me rejoins après que je lui ait filé un coup de main sur cette section très glissante. La pluie s’est désormais arrêtée. Il reste environs 20 mètres pour le sommet et je m’y rends rapidement, attiré par l’idée de pouvoir enlever quelques couches de vêtements intégralement imbibés d’eau. Une fois mon relais fait un petit rayon de soleil pointé même: tout en assurant Philippe j’enlève mes chaussons, ma veste et mon pull. 

Gorges du Verdon
Une cordée à côté de nous

La femme de Philippe est arrivée a pied au sommet et prends des photos de son mari dans la dernière longueur. Enfin j’aperçois le casque puis la tête de Philippe, heureux de sortir sur la terre ferme. On se félicite pour cette sortie atypique tout en se défaisant du matériel. Les cordées plus bas ont l’air de reprendre l’escalade, le Verdon dans le dos, tout semble ok. 

On plie tout et c’est parti direction le chocolat chaud. Je croise au bar un ami secouriste qui me dit avoir aidé plusieurs cordées à remonter au niveau des rappels de Rivière d’Argent. On était nombreux à s’être fait surprendre par cette drache arrivée plus tôt que prévu ! 

grande voie
Au sommet

En conclusion une belle sortie d’escalade dans le Verdon quand même, dans les temps (on sors de la voie à l’horaire prévu, autour de 14h30/15h, rincés au sens propre! 

On dit : “Qui regarde la météo reste au bistrot”… Je pense qu’on a bien appliqué l’adage ce jour là ! 

Pour infos aucun des modèles météo ne prévoyait une pluie aussi tôt, d’où le nombre de personnes sur la falaise à ce moment-là! Bref, heureusement il y a le chocolat chaud pour se réchauffer ! 

Pour un topo internet plus détaillé le site camptocamp est très informatif.